Cette année, la nature nous a mis à rude épreuve. Comme si chaque saison voulait éprouver nos forces. La succession des canicules de l’été a concentré les grappes. Les feuilles ont jauni, la vigne a résisté malgré tout. Le Bollenberg, calcaire et aride par nature, prenait alors l’allure d’un maquis méditerranéen, transfiguré par la terre écarquillée et la lumière crue. Et pourtant, malgré ces brûlures, les vignes tenaient bon. Dans cette résistance obstinée, chacun entrevoyait déjà l’une des plus belles promesses: celle d’un millésime d’anthologie. Mais la nature ne se laisse pas dompter. Elle nous a rappelés à l’ordre, d’un revers brutal.
Passé la mi-août, tout a basculé. Cent trente millimètres de précipitations en quinze jours ; une pluie soudaine, lourde, insistante, comme si le ciel avait voulu rattraper d’un seul trait les mois de disette. D’un extrême à l’autre, de Charybde en Scylla : la vigne, contrainte par la soif, dut soudain affronter l’excès. Les peaux, certaines déjà fragilisées par les brûlures de l’été, se sont fendillées, et dans ces blessures humides, la pourriture s’est engouffrée sans attendre. Il fallut alors composer chaque matin, parcelle après parcelle, mesurer l’impact cruel de ce revirement soudain sur un fruit qui touchait à sa maturité.
Nos sols vivants ont tenu autant qu’ils ont pu. Le calcaire a filtré, les argiles ont retenu, les marnes ont doucement absorbé. Mais tout était déjà trop. La brutalité du contraste a dépassé les défenses.
Alors, il ne restait que la décision. Elle n’a pas été théorique, mais charnelle, dans la vigne même. Chaque matin, chaque rang, un choix. Avancer ? Attendre ? Risquer ? Il a fallu trier sans relâche, chaque baie posée ou écartée, pour sauver le meilleur de chaque parcelle. Les rendements se sont amenuisés.
2025 ne sera pas un millésime facile. Il sera le reflet de la rigueur de notre climat et de notre fidélité à accepter ce que le ciel impose.
Les vins, encore en devenir, esquissent des blancs aux arômes profonds. Des pinots noirs où affleurent l’ombre des canicules dans la profondeur des teintes, une texture riche inscrite dans la matière, et soudain, une fraîcheur vibrante, tranchant comme une éclaircie après l’orage. Nous mettons tout notre soin pour que ce millésime, malgré ses excès, trouve sa justesse, car c’est là que réside la vérité de notre métier.
A vous qui nous suivez, qui ouvrez nos bouteilles dans la confiance et la curiosité, nous voulons dire simplement merci. Merci d’accepter que chaque année soit un chapitre, parfois heurté, toujours sincère.
Annabelle, Chantal, Christophe et toute l’équipe du Domaine Camille Braun


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